Anna & Luka

Anna était très fatiguée ces temps-ci. Son travail lui prenait de plus en plus de temps, on lui donnait de plus en plus de choses à faire et, même si la jeune femme était ravie car cela prouvait qu'on lui faisait confiance, cela voulait dire également qu'elle allait devoir redoubler d'énergie. Et, depuis une semaine, son état s'était empiré. Elle avait été rendre visite à son cardiologue la veille et, comme d'habitude, il lui avait recommander de se reposer, de prendre des congés et de ne pas être surmenée. Elle devait à tout prix arrêter de vivre à cent à l'heure comme elle le faisait depuis qu'elle travaillait. Contrairement à ce que dit le proverbe, le travail n'est pas la santé, du moins, pas pour la jeune Miller.

Assise dans le fauteuil en face de la télévision, Emma, de son deuxième prénom, était en train de regarder un jeu télévisé débile. Elle s'ennuyait à mourir. Elle aurait aimé pouvoir sortir, s'amuser aussi. Malheureusement, elle devait "absolument" se reposer. Alors, elle passera sa soirée à feuilleter des magazines, regarder la télévision et allait se commander quelque chose à manger. Chinois ? Italien? Elle ne savait pas encore, elle hésitait. Mais elle mourrait de faim. A force de passer du temps chez elle, Annabeth remuait beaucoup de choses. Comme la fois où elle avait été contrainte d'annoncer à son ami Luka qu'elle était gravement malade. En même temps, il y aurait eu un moment où il aurait du le savoir. Juste qu'elle aurait préféré prendre encore un peu de temps. Par contre, Anna fût surprise par sa réaction. Il ne sût quoi dire et était parti. Elle avait l'habitude. Une grande partie des personnes qu'elle avait rencontrées dans sa vie, à l'annonce de la maladie de la jeune Miller, avait pris la poudre d'escampette. Elle pouvait comprendre la réaction de Luka, comme celle des autres, car, elle-même aussi avait peur de trop s'attacher aux gens et de partir trop tôt.

Finalement, elle s'était décidée à commander. Chinois. Une fois de plus. On a que le bien que l'on se fait, de toute façon. A la seconde où elle prit le combiné de téléphone en main, elle entendit la sonnette de la porte d'entrée retentir. Elle fronça les sourcils. Elle n'attendait personne. Heureusement, sa porte n'était pas transparente et elle pouvait voir à travers un oeil encré dans la porte qui se trouvait derrière cette dernière.  Quand elle vit qu'il s'agissait de Luka, elle baissa les yeux. D'un côté, elle voulait lui ouvrir mais de l'autre, elle avait nié tous ses appels et ses sms cette semaine qu'elle allait devoir lui donner une bonne raison. Et, après tout, pourquoi devrait-elle lui mentir à propos de ça ? Non, elle ne voulait simplement pas lui parler. Pas après être partis comme un voleur à l'annonce de sa maladie. Certes, elle avait l'habitude d'être lâchée par tout le monde, mais Luka n'était pas tout le monde. Enfin, elle décida d'ouvrir la porte et se retrouva face à lui.

- "Salut..."

Dit-elle, sans aucune animosité. Elle ne voulait pas mettre de l'huile sur le feu en disant "tiens, un revenant". Elle savait qu'il était déjà assez mal comme ça. Du moins, ça se voyait à son visage.

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Anna & Luka

“ Comment vas-tu ? ” C'était la question qui tuait. Celle à un million. Celle dont Annabeth n'avait qu'une seule réponse depuis des années. Elle faisait avec. Elle n'avait pas le choix de toute façon. Et ce n'était pas de son genre de se plaindre, ou de faire en sorte que les gens aient pitié d'elle. Tout ce qu'elle voulait, c'était être considérée comme une personne "normale". Après tout, mise à part sa maladie, elle l'était. Et puis, elle se soignait, et elle ne comptait pas clapser avant un moment. Face à la question du jeune homme, Anna haussa légèrement les épaules.

- "Aujourd'hui, ça va"

Et oui, comme tout le monde, elle avait des jours avec et des jours sans. Excepté que, contrairement aux personnes qui ne sont pas malades, quand elle avait un jour sans, elle était contrainte à rester bloquée chez elle. Et encore, c'était lorsque ce n'était pas encore "trop grave" et qu'elle pouvait se lever. Dans le cas contraire, Annabeth passait quelques jours à l'hôpital, avec une super room mate et une douche tous les deux voire trois jours. Le top du top, n'est-ce pas ? Comme la plupart des gens, Miller détestait les hôpitaux. Elle y passait clairement son temps depuis qu'elle était venue au monde avec cette malformation et n'y avait que des mauvais souvenirs. Elle se souvenait que, l'année de ses quatre ans, elle avait failli y passer à cause d'un gamin de son âge. Il l'embêtait, elle s'était défendue et lui avait fait pareil. Sauf qu'arrivée à un certain stade, Anna ne s'était vraiment pas sentie bien. Depuis, elle essayait de ne pas s'énerver, du moins, elle laissait passer beaucoup de choses. Quand une cliente lui tapait sur le système parce que le plan de table était nul ou quoi que ce soit, et bien, Anna, souriante, faisait comprendre à la cliente que, si elle n'arrêtait pas tout de suite ses enfantillages, la jeune Miller prenait ses clics et ses clacs. C'était comme ça et pas autrement. Tant pis si ça ne plaisait pas.

Anna remarqua le regard interrogateur de son ami sur son portable. Elle regarda un instant par terre, embêtée. “ Tu as prévu quelque chose ce soir ? ” Honnêtement, bien que fatiguée, elle n'avait pas envie de passer la soirée seule. Encore une fois. La présence de quelqu'un lui était nécessaire ces derniers jours et disons qu'elle préférait ne pas prévenir ses parents des petits soucis qu'elle avait eu car ils allaient en faire toute une montagne, comme à chaque fois qu'elle avait un "petit" soucis. Oui, Anna avait toujours tendance à dédramatiser les choses, même quand il s'agissait de sa propre vie. Elle remarqua, également, que le jeune homme avait un brin d'espoir. Bien qu'elle avait une dent contre lui, elle savait que ça n'allait pas durer. Enfin, elle se retira de l'ouverture de la porte afin de laisser passer le jeune homme.

- " Allez, rentre"

Une fois Luka entré, elle claqua la porte avant de la fermer.

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Anna & Luka

Depuis qu'elle avait pris conscience de sa maladie, Annabeth avait toujours été forte. Dès qu'elle fût en âge de comprendre les choses, ses parents lui avaient expliqué qu'elle était malade. Elle leur avait répondu qu'il fallait lui donner une aspirine ou des médicaments et qu'elle irait mieux. Seulement, ce n'était pas si simple. Chaque anniversaire qu'elle fêtait était une réussite pour sa famille, pour elle. De plus, dès qu'Anna allait mieux, elle en profitait -peut-être un peu trop d'ailleurs. Elle aimait les longues balades dans les bois, une paire de bottes en caoutchouc à ses pieds. La nature l'apaisait énormément. Elle s'y sentait bien, comme en sécurité. Enfant, c'était là qu'elle retrouvait la paix et la tranquilité. Les oiseaux, les fleurs, les arbres étaient, en quelque sorte, un refuge où on lui foutait la paix. Là, elle n'était plus Anna Miller, la pauvre petite malade mais simplement Anna, une gamine comme les autres. C'était ça qu'elle voulait: juste être comme les autres.

“ Comment c'est passé ta semaine ? Tu es retournée chez le docteur ? ” Elle acquiesca à sa question. Elle ne voulait pas l'inquiéter, c'était déjà le cas pour trop de personnes. Anna ne voulait pas qu'on la prenne pour une malade, même si elle l'était. Ses parents s'inquiétaient déjà beaucoup trop pour elle, alors, si Luka s'y mettait également, elle n'était pas sortie de l'auberge. En effet, il lui arrivait de recevoir au minimum cinq coups de fil par jour de son père et de sa mère. Bien qu'elle ne se sente pas proche d'eux, elle ne pouvait pas renier qu'ils l'aimaient avec le nombre de nouvelles qu'ils demandaient. Mais, au final, Anna avait toujours l'impression d'être la petite fille sensible qu'il fallait constamment protéger.

- "Il est venu ce matin. Je dois rester à la maison pendant quelques temps. Mais c'est d'un ennui"

Mine de rien, voir qu'elle comptait un peu pour Luka, ça lui fit un bien fou. Après qu'il soit parti suite à son annonce, Anna fût désarçonnée, perdue. Certes, elle avait l'habitude que tous les gens qui croisaient son chemin s'en aillent une fois qu'elle leur avait annoncé la nouvelle mais là, c'était différent. En temps normal, elle n'aurait pas réagis comme elle l'avait fait. Elle ne voulait pas qu'il le sache mais c'était trop tard à l'heure d'aujourd'hui. Tout ce qu'il restait à faire à la jeune femme, c'est de passer au delà de ce qu'il s'était passé et accepter ses excuses. De toute façon, comment pourrait-elle faire autrement ? “ Cette semaine je n'ai pas été très présent, je n'ai pas réussi à te prouver grand-chose, mais si à un moment tu as besoin de quelqu'un pour quoi que ce soit n'hésite pas, je ferais tout mon possible ! ”

- "Merci, c'est très gentil de ta part"

Honnêtement, à part ça, elle ne savais que répondre. Ce qui fit plaisir à Annabeth, ce fût qu'elle n'entendit pas des paroles en l'air. Son discours sonnait sincère. Maintenant, peut-être qu'elle se trompait et allait être, une fois de plus, déçue mais, elle avait un peu d'espoir. “ Je t'avoue que ce soir j'avais idée de t'emmener pique-niquer au centre d'observation. Est-ce que ça te tente ou je propose à quelqu'un d'autre de manger chinois en ma compagnie ? ” Un large sourire se dessina sur le visage de la jeune Miller. Elle avait plus que tout envie de sortir, même si ça lui était interdit. Mais ça, elle n'allait pas le dire à Luka, hors de question. Elle en avait assez de vivre entre ces quatre murs. En entendant la dernière partie de sa phrase, elle fit une moue boudeuse avant de prendre le magazine qui se trouvait sur un rebord et de frapper gentiment le jeune homme avec.

- "Il n'y a qu'avec moi que tu manges chinois. Non mais oh !"

Par contre, elle ne pouvait définitivement pas rester dans cette tenue. Elle, d'habitude si coquette, trainait depuis plus d'une semaine en training et chaussettes. Heureusement, elle avait assez de nourriture sinon, on vous épargne sa tête si elle avait du aller faire des courses. Devait-elle transgresser les conseils du médecin ou devrait-elle être plus sage ? Elle ne le savait vraiment pas. Elle hésitait. D'un côté, elle voulait sortir pour se changer les idées mais de l'autre, elle tenait tant à se soigner et à être en forme. Oh et puis, elle n'allait rien lui dire. Elle se soignait correctement et, si elle n'avait pas de grand choc, elle ne referait pas de rechute.

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Anna & Luka

“ Je te laisse aller te changer alors, on y va en moto, j'ai peur que tu aies un peu froid comme ça. ” Anna fit sa tête blasée. Mais gentiment. Il fallait toujours que quelqu'un s'inquiète pour elle. Elle n'allait pas avoir un petit rhume si elle sortait simplement habillée comme elle l'était. Mais bon, elle avait l'habitude qu'on lui dise quoi faire. Elle décida alors de prendre congé de Luka et monta à l'étage se changer. Elle n'allait pas se préparer comme si c'était un rendez-vous. Après tout, ça n'en était pas un. N'est-ce pas ? Elle allait juste aller manger un bout avec un ami. Un ami dont elle était sacrément attirée. Mais un ami quand même. Annabeth s'était toujours jurée de ne pas s'accrocher à quelqu'un à cause de sa maladie. Elle ne voulait pas être la cause de tas de maux après sa mort. Car, de toute façon, elle était inévitable. Dire qu'elle aimait Luka était un grand mot: elle tenait beaucoup à lui, ça c'en était sûr et certain. Le faite qu'il soit venu la voir, même s'il avait fui lorsqu'il avait appris sa maladie, ça avait fait énormément de bien à la jeune femme. La solitude la pesait beaucoup, elle avait très peu d'amis sur qui elle pouvait compter et Luka en faisait partie. Un petit coup d'oeil dans le miroir de la salle de bain, une paire de jeans, un tshirt blanc, un gilet bleu roi ainsi que des ballerines assorties et le tour était joué. Il n'en fallait pas plus.

Une fois descendue, elle prit son sac à main puis une veste et une écharpe, on ne savait jamais si la soirée allait se rafraîchir. Elle fit savoir au jeune homme qu'elle était prête à y aller, ses paroles furent suivies d'un petit sourire. Par la suite, elle monta sur la moto de Luka mais à l'arrière. Si ses parents la voyaient, vous pouviez être sûrs qu'ils l'auraient obligé à descendre de cet "engin". A cause de sa maladie, Anna avait été privée de beaucoup de choses en étant adolescente: Anna avait toujours voulu apprendre à conduire mais ses parents ne voulaient pas, de peur qu'elle aie une rechute au volant. Elle en avait assez et, bien qu'elle n'était plus chez ses parents, elle ne voulait pas prendre le risque qu'il lui arrive quelque chose. Elle tenait quand même à sa vie. Du moins, ce qu'il lui en restait. Entendant le moteur de la moto après que Luka soit monté dessus, elle enfila vite un casque que le jeune homme lui tendait puis passa ses bras autour du ventre de ce dernier afin de s'accrocher et de ne pas s'envoler.

Le baptême de moto de la jeune femme fût épique. Une fois arrivés au centre d'observation des étoiles, Anna rit de bon coeur, les cheveux tout défaits. Ca valait bien la peine qu'elle donne un coup de brosse dedans avant de partir. Elle enleva ses bras autour du jeune homme avant de retirer son casque, laissant sa crinière descendre un peu plus sur ses épaules. Elle regarda par la suite autour d'elle, émerveillée comme une petite fille. Son regard se posa, par la suite, sur Luka, intriguée.

- "Et c'est en quel honneur ?"

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