Leslie ouvre les yeux, s’habituant tranquillement à la sensation de la lumière sur sa rétine. Depuis le début de son coma, elle n’a jamais capté la douce lumière du soleil, alors imaginez à quel point il est déstabilisant pour son système visuel de s’acclimater à nouveau à ses fonctions. En fait, tout est comme nouveau pour elle : elle devra réapprendre à marcher, devra faire un suivi psychologique sévère pour éviter de sombrer en réalisant tout ce qu’elle a manqué. Elle devra tout apprendre de l’actualité passée en huit ans, elle qui pourtant savait presque tout sur ce qui se passait dans le monde. Elle devra apprivoiser les nouvelles technologies, accepter qu’elle a depuis longtemps perdu son poste au Times. Bref, le chemin vers sa rémission complète sera long, mais il s’agit de tout faire une étape à la fois, sans se mettre de pression. De toute manière, l’aspect le plus important de son réveil est l’aspect personnel. Dès qu’elle a réouvert les yeux pour la première fois, elle n’a eu qu’une seule pensée en tête : Pheobus. Son dernier souvenir remonte à l’hémorragie interne débutée quelques semaines avant la date prévue de son accouchement. Elle se souvient avoir été transportée à l’hôpital, se rappelle s’être sentie faible comme jamais. Et puis, plus rien. Les médecins ont tenté de lui faire comprendre qu’il s’est déroulé huit ans depuis ce moment, mais elle n’y croit rien : elle se raccroche à l’idée que tout cela ne s’est passé qu’il y a quelques jours seulement.

Depuis son réveil, elle dort beaucoup, mange très peu. Une autre chose que son corps devra réapprendre : se nourrir normalement et ne plus dépendre des solutés qui l’ont maintenue en vie pendant toutes ces années. Elle a parfois senti la présence de gens, la plupart du temps des docteurs ou des infirmières, mais a parfois eu l’impression qu’il y avait d’autres personnes. Elle était toutefois trop faible pour réagir plus qu’en remuant la main ou en tentant d’esquisser un sourire. Aujourd’hui cependant, elle se sent bien mieux, comme remplie d’une énergie nouvelle. Elle tourne la tête, étirant ses muscles ankylosés, et observe l’homme qui est assis près de son lit. Elle a l’impression de le connaître, mais reste confuse. L’aura de douceur qu’il dégage lui est familière, tout comme les traits qui forment son visage. Mais il est tellement différent… « Phoebus? », demande-t-elle à voix basse.

∞ Where there is love there is life

Leslie & Phoebus

En huit ans, de nombreuses choses s'étaient passées mais, un truc était resté intact ... l'amour qu'éprouvait Phoebus pour sa douce fiancée. Jamais il n'avait failli en allant voir ailleurs alors que nombreux de ses amis, défaitistes au possible lui avait conseillé de refaire sa vie. Plus les années passaient et plus on essayait de lui faire comprendre que jamais sa belle ne se réveillerait, que c'était totalement impossible. Mais, apparemment, impossible n'est pas français puisque un miracle était arrivée. La veille, quand on l'avait appelé sur le fixe, il n'en avait pas cru ses oreilles. Mais, d'n autre côté, il appréhendait. Comment prendrait elle son changement de situations professionnelle ? Ou encore, allait elle le reconnaître ? Et oui, il avait fait un bon, passant de tout juste 25 ans à maintenant 33 ans. Il avait vieilli, tout simplement. Enfin, comme elle bien que les medecins lui avaient expliqué qu'elle avait du mal à y croire. Il ne voulait pas la confronter à son propre reflet de peur de l'effrayer.

Pour cette première visite depuis le réveil de la belle au bois dormant, il avait préférée laisser Stelly leur fille à la maison, malgrès les bouderies de la miss. Il la savait en bonne compagnie puisque la baby sitter du jour n'était autre que son autre fille la jolie Loëlyne. Il passa alors les portes de la clinique, non pas comme employé aujourd'hui, mais, comme visiteur d'une patiente. Il salua au passage quelques uns de ses collègues, ou du moins quelques unes car les hommes se faisait rare dans le métier de sage femme. Il se rendit alors au chevet de sa fiancée non pas sans une point d'angoisse. Il entra dans la chambre. Elle était là, les yeux ouverts ce qui le rendit fou de joie. A ceux qui lui avait dit de ne pas y croire, en voilà un sacré pied de nez. Elle tourna la tête et le dévisagea un instant qui lui parut une éternité avant de prononcer son prénom. Oui ma puce, c'est moi dit il en lui prenant alors la main. Je suis si heureux continua alors l'homme. Il avait tant de choses à lui raconter qu'il ne savait pas par ou commencer. Il tourna la tête vers la table de nuit ou trônait tout un tas de photo de Stelly qu'il avait ajouté au fur & à mesure de la croissance de la petite.

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HJ:

Si elle avait des doutes sur l’identité de l’homme qui se trouve près d’elle, ils sont désormais complètement évaporés. Elle reconnaîtrait cette voix entre mille… Un sourire se dessine sur le visage confus de Leslie, alors qu’elle tend une main vers son fiancé. Les sentiments qu’elle éprouve pour lui sont intacts, ainsi une énorme bouffée d’amour la submerge alors qu’elle observe longuement son visage, détaillant les changements survenus avec les années. Les médecins ont donc dit vrai, elle n’a pas été inconsciente que quelques jours, mais bien plusieurs années… « Qu’est-ce qui s’est passé? » À quoi fait-elle référence, au juste? À son coma? À son accouchement? Les médecins, afin de ne pas trop la brusquer, ne l’ont pas avertie qu’elle avait désormais une fille de huit ans. Elle vit donc dans la crainte que son enfant est mort alors qu’elle tentait de donner la vie…

Son regard suit celui de Phoebus, et elle remarque pour la première fois les nombreuses photographies qui décorent sa chambre. Elle voit une enfant adorable, et fait aussitôt le lien. Ses yeux s’embuent aussitôt alors qu’elle observe tranquillement l’évolution de l’enfant la plus parfaite qu’elle n’ait jamais vue. « Elle a tes yeux… », murmure-t-elle, émue de comprendre que non, leur enfant n’est pas mort il y a huit ans de cela, qu’au contraire elle s’est épanouie en une magnifique jeune fille… Elle voudrait tout savoir d’elle : le jour où elle a fait ses premiers pas, le premier mot qu’elle a prononcé, les écoles qu’elle fréquente, sa couleur préférée, le jouet qu’elle apprécie particulièrement, son plat préféré, si elle est venue la voir à l’hôpital, si elle lui en veut de ne pas avoir été présente pour elle, le nom de ses meilleurs amis… Elle voudrait pouvoir observer chaque parcelle de son corps, découvrir ses tâches de naissance, ses grains de beauté, coiffer sa longue chevelure, l’observer dormir, découvrir à quoi elle rêve la nuit… Elle ne sait rien d’elle, pas même son prénom! Elle voudrait tellement pouvoir la voir, la serrer contre elle…

Elle s’arrache à la contemplation de la petite pour regarder de nouveau Pheobus. « As-tu refait ta vie? Avec… une autre? » Peut-être cela semble brusque, comme question. Mais essayez de comprendre : dans l’esprit de Leslie, ces huit dernières années n’existent pas. L’amour qu’elle éprouve pour Pheobus est toujours flamboyant, passionné. Elle comprendrait totalement qu’après huit ans, ses sentiments à lui se soient évaporés et qu’il soit tombé amoureux d’une autre femme. À dire vrai, cela serait totalement légitime! Et totalement douloureux…