LLes Carter étaient une famille soudée. Entre les épreuves qu'ils avaient vécu et l'amour qu'ils se portaient, ils marquaient bien souvent les esprits. Stelly de son côté, avec les yeux d'une enfant de son âge, voyait sa famille comme le centre du monde. Ils l'étaient d'une certaine façon, ils étaient le centre du son monde. Et son papa, plus encore. Elle avait grandi en étant si proche de lui, en le voyant toujours se préoccuper d'elle et de Loëlyne qu'elle pensait que le monde s'écroulerait sans lui. Il avait toujours ce qu'il fallait pour les petits bobos, il prévoyait toujours les catastrophes, il devinait même quand Stelly avait pu faire une bêtise. Oui, pour tout, mais surtout pour elle, il était son héros. Et un héros en retard, ça ne passait pas. Néanmoins, elle oublia vite cet état de fait quand il l'appela de ce petit nom qu'elle adorait, bien que devant ses copines, elle le réprimande de la traiter comme un bébé !

En entendant parler de l'hôpital, la petite fille fit une pause. Maman. La première chose qui pouvait lui venir à l'esprit. Dernièrement cependant, quelques malins à l'école avaient su lui dire par pure méchanceté que sa maman ne se réveillerait jamais et allait mourir. Stelly ne pensa donc pas directement à une bonne nouvelle. C'était si soudain qu'elle fit encore quelques pas avant de saisir l'ampleur de la situation. La pire idée germa dans son petit esprit qui commençait déjà à se sentir triste et en colère. Puis, remarquant sans doute l'absence d'émotions négatives chez son papa, la petite fille put enfin penser à une bonne nouvelle et la grisaille fut remplacée par un grand sourire. « ...au sujet de ta maman. » Elle était sûre qu'il avait enfin fait son travail de prince et l'avait embrassé comme il fallait. Elle lui disait bien de recommencer quand il lui répondait qu'il avait déjà essayé mais il ne s'était pas vraiment exécuté. Elle savait que ça fonctionnerait. Ca avait fonctionné n'est-ce pas ? Le doute restait néanmoins et l'enfant voulait en savoir plus avant de laisser éclater sa joie, une possible fausse joie.  « Elle s'est réveillée. Le baiser à enfin marché. »  La réponse à ses vœux d'enfant ! Aucun mot ne pouvait exprimer clairement ce qu'elle ressentait ni décrire simplement le sourire qui naissait sur son visage. Son papa agenouillé devant elle, Stelly le prit dans ses bras. « Je savais bien que tu étais un prince ! » Dit-elle en se remettant face à lui, trépignant déjà. « Alors on va la voir ? Je pourrais lui parler de l'école et de mes copines. » Elle était pleine d'entrain, prête à monter dans la voiture, courir jusqu'à la chambre de sa maman et la prendre dans ses bras en sentant qu'elle aussi pouvait la serrer contre elle. « Loëlyne vient avec nous ? » Stelly avait bien envie que sa grande sœur vienne la voir avec eux, c'était tout autant pour l'avoir à ses côtés que parce qu'elle croyait dur comme fer que sa maman était aussi une maman pour l'aînée. Pas une seconde elle ne pensa qu'il ne fallait pas aller à l'hôpital. Elle n'aurait pas compris. Elle ne pouvait pas comprendre un simple « non ». Pour elle, sa maman était réveillée et elle pouvait enfin avoir une maman et un papa comme tout le monde, c'était tout ce qui comptait.