Le soleil de la matinée avait laissé place à une pluie battante. Beaucoup de gens couraient pour trouver un abri, mais lui, ses mains dans les poches de son long manteau de cotons épais marron. Oui lui, le vieux crouton comme certains l'appelait, marchait sans dérangement sous cette pluie, au contraire cela le ravivait. Des regards étranges se posaient sur son visage souriant. Lui il aimait la pluie, elle lui rappelait pourquoi il était encore présent sur cette terre après tout ce qui lui était tombé dessus, elle lui rappelait que parfois de petites choses vous donnaient envie de vous battre. Il avait marché de longues minutes, plus d'une heure, au début sous un ciel ensoleillé puis sous la pluie, mais son habit commençait à tranquilliser avec l'eau qui avait finit par pénétrer dans les fibres. Alors il décida de rentrée, retrouver sa maison, mais aussi elle. Maddison, cette jeune femme qui... Oui il fallait le dire lui redonnait ce petit boom au coeur. Il ne comprenait pas réellement pourquoi et encore moins comment. Mais elle avait toujours le sourire, elle avait toujours de la conversation, elle savait toujours le réconforter et lui donner envie de se lever et de bouger. Autant dire un vrai miracle quand on sait que monsieur était resté cloitré chez lui plus de trois ans, hormis une sortie pour son café le matin et parfois autre.

Poussant la porte de sa vieille maison qu'il chérissait tant, la jeune femme ne tarda pas à le rejoindre. Ôtant le manteau qu'il portait, qui devait être lourd. Il la remercia timidement d'un geste de la tête. Leeroy, ancien rebelle, bavard était devenu fermé et peu causant. Elle semblait s'y être fait. Il ne répondit pas à sa question, elle voyait bien dans l'état qu'il était, après tout, pourtant il souriait, enfin un demi-sourire. Une moue intriguait alors qu'elle lui dit qu'elle voulait lui poser une question qui ne l'enclencherait pas. Se penchant un peu vers elle comme pour être sure de bien l'écouter et l'entendre. S’inquiétant soudainement de ses mots. Mais il se redressa un vrai sourire sur le visage. Sa question était des plus banals, ce qui le rassura. « ce que vous voulez, vous savez bien. Et je vous ai déjà dit de ne pas m'appeler Monsieur. » dit-il tout en retirant son bonnet noir de son crâne. Sa coiffure était assez particulière, les cheveux trempés et tout ébouriffés il eut la mauvaise idée de secouer la tête, comme un vieux réflexe. Évidemment il éclaboussa autour de lui. S'excusant aussitôt auprès de la jeune femme face à lui, passant une main dans sa crinière. Un air embêtait sur le visage. « Oh vraiment désoler, je me demande parfois si je réfléchis avant d'agir. Je ferais mieux. » fit-il en partant en direction de la cuisine, toute proche.

La jeune femme sur ses talons, il ouvrit un tiroir. Ouf, personne n'avait changé leurs emplacements. Avec le temps et l'habitude de ne presque plus rien faire et laisser les tâches à d'autres, il en oubliait presque où se trouver les objets dans sa propre maison. Bref, il ouvrit le tiroir à torchon et en sortit un qui semblait neuf en plus d'être propre. Il se retourna vers la jeune femme, qui avait quelques gouttes sur le front de la précédente initiative foireuse de son patron. Délicatement il essuya son visage, comme il l'aurait fait avec Jersey, sa fille, autrefois. Un sourire qu'il n'avait pas eu depuis longtemps se dessina alors sur son visage. avant de baisser le regard un peu gêner. « Navrer ». Se contenta-t-il de dire, en posant le bout de chiffon sur un des plans de travail. « Je ferais mieux de retourner à mon atelier avant de refaire une bêtise. » poursuivit-il tout en retournant dans l'entrée d'un pas un peu rapide.